Travailler, ensemble, pour en finir avec la culture machiste au Costa Rica
"Nous vivons dans un pays où prédomine la culture machiste. Il faut changer cela et c'est à nous de le faire. Lancer à un femme un regard inapproprié, avoir des gestes déplacés envers elle : ce type de comportements fait partie du problème. Aucune femme ne mérite de se sentir harcelée. Nous devons éduquer nos enfants dans un sens qui permette de mettre fin au harcèlement sexuel contre les femmes". Jonathan Mejía, Limón, Costa Rica.
Jonathan, 42 ans, a travaillé pendant près de 30 ans dans le secteur du bâtiment. Il reconnaît qu'il n'est pas rare que les femmes qui passent devant les chantiers de construction où il travaille soient victimes de toutes sortes d'attaques personnelles : insultes, sifflements, huées et autres formes de harcèlement.
Changer les comportements dans le secteur du bâtiment
Au cours des dernières semaines, Jonathan et 72 autres ouvriers ont participé à des ateliers destinés à faire contribuer les hommes à l’élimination du harcèlement de rue et du harcèlement sexuel, qui sont des formes de violence de genre culturellement tolérées au Costa Rica. La session de formation qu’il a suivi sur la prévention du harcèlement sexuel a changé la vision que Jonathan avait de la vie. Il s’est rendu compte que ses filles et sa femme avaient été elles aussi victimes de harcèlement de rue et qu’elles s’étaient senties elles aussi en danger et agressées par des hommes, aussi bien dans la rue que sur leur lieu de travail
"Aujourd'hui, j'ai les outils qu’il faut pour m'engager dans cette lutte pour le changement des comportements et l’élimination définitive du harcèlement sexuel envers les femmes. Je me suis rendu compte que le harcèlement sexuel était un crime et qu'il causait des préjudices réels aux femmes", a confié Jonathan Mejía.
Ouvrier chevronné, Jonathan est devenu aujourd’hui un leader parmi ses collègues dans la démarche visant à promouvoir le changement culturel nécessaire pour l’élimination du harcèlement sexuel. Jonathan et ses collègues sont maintenant prêts à intervenir et à aider les autres à s'engager sur la bonne voie pour mettre fin au harcèlement sexuel et faire progresser la lutte contre les préjugés sexistes sur le lieu de travail (et dans d'autres espaces).
Les différents types de violence qui s’exercent sur les femmes s’inscrivent dans une logique sexiste qui a contribué à faire des comportements masculins violents une norme culturelle. Compte tenu de la diversité des comportements qui en découlent, il était nécessaire de mener une action plus ambitieuse. L'UNOPS a mis l’accent sur la création d'espaces d'apprentissage sûrs permettant de déconstruire les modèles longtemps érigés en normes.
Mettre un terme aux préjugés sexistes qui prédominent dans le secteur
Grâce à différents types de dynamiques de groupe et à la création d'espaces de réflexion sûrs, ce groupe d’ouvriers a commencé à identifier les comportements violents dont étaient victimes les femmes sur le lieu de travail et qui semblaient jusque-là culturellement acceptables.
Au Costa Rica, plus de 400 employés du secteur de l’infrastructure ont découvert de nouveaux modèles de masculinité et se sont engagés à se joindre à la campagne "Tolérance zéro à l’égard du harcèlement de rue" (en espagnol : "Tolerancia Cero Contra el Acoso Callejero") promue par l'UNOPS. Le premier groupe d’ouvriers participant à cette initiative travaille pour Turbina, une entreprise mandatée par le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS) pour superviser le projet d'assainissement sanitaire de traitement et d'évacuation des eaux usées de Puerto Viejo de Limón
La Fundación Justicia y Género (en français : Fondation Justice et Genre) a dispensé une formation sur la masculinité et la prévention du harcèlement en partenariat avec l'UNOPS et avec l’appui de l'Institut costaricien des aqueducs et des égouts (Instituto Costarricense de Acueductos y Alcantarillados, ou AyA)
Dans le cadre de son engagement en faveur de l’élimination de la violence à l'égard des femmes et de la promotion de l'égalité entre les sexes, l'UNOPS met actuellement en œuvre au Costa Rica des projets d’une valeur totale de 200 millions de dollars qui garantissent le recrutement d’au moins 10% de femmes. Pour les nouveaux projets, cette proportion s’élève à 40%.
Au Costa Rica, le secteur de l'infrastructure - en particulier celui des entreprises du bâtiment qui ont conclu des contrats avec l'UNOPS - doivent mettre en place des actions de sensibilisation mettant en avant le concept de masculinité positive, afin de contribuer à l’élimination du harcèlement sexuel et des agressions sexuelles.
Travailler, ensemble, pour en finir avec les inégalités
"Nous travaillons également avec nos équipes et nos sous-traitants pour favoriser le changement des comportements en sensibilisant et en informant les membres masculins du personnel", a expliqué Alejandro Rossi, Représentant de l'UNOPS au Costa Rica
Outre les ateliers de formation et l’adoption d'une politique tenant compte des questions de genre, de diversité et d'inclusion, l'UNOPS et ses partenaires ont pris d'autres mesures, telles que la mise en place de protocoles de prévention et de systèmes spécifiques permettant aux femmes de déposer plainte.
En 2020, le Costa Rica a approuvé la Loi 9877 contre le harcèlement sexuel de rue, qui vise à garantir le droit des personnes à être en sécurité dans les espaces publics et privés ainsi que dans les transports en commun. Selon ONU Femmes, au Costa Rica, 83,3 % des cadres juridiques qui promeuvent et appliquent le principe de l'égalité entre les sexes et suivent les progrès réalisés en la matière - notamment en matière de prévention des violences faites aux femmes - sont déjà en place.
Depuis le début de l'année 2020, sous la direction du Ministre du Développement humain et de l'Institut mixte d'aide sociale (en espagnol : Instituto Mixto de Ayuda Social, ou IMAS), l’ONU au Costa Rica, par le biais de ses entités - ONU Femmes, l'Organisation internationale du Travail (OIT), l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) - exécute un programme conjoint visant à briser le cycle de la pauvreté en renforçant la stratégie nationale de protection sociale baptisée Passerelle vers le développement (en espagnol : Puente al Desarrollo) et en intégrant dans son approche la perspective de genre et la question environnementale.
Les entités de l’ONU travaillent main dans la main sur différents fronts et s'efforcent de produire un impact significatif sur tous les aspects de la vie des femmes dans le pays. Pour mettre fin aux différents types de violence à leur égard, y compris la violence sexuelle, le harcèlement de rue et la violence en politique, l'ONU promeut l'autonomisation économique des femmes, leur participation à la vie politique du pays, leur accès aux services de santé sexuelle et procréative (notamment les services de prévention des grossesses chez les filles et les jeunes femmes), etc.
Dans le cadre de ces initiatives, plusieurs actions sont mises en œuvre, notamment la production et la diffusion d'informations, le renforcement des protocoles de prise de décision et des processus d'élaboration des politiques, le développement de campagnes nationales, la promotion de l'autonomisation des femmes à travers le renforcement de leurs capacités à diriger des collectivités locales et à gérer des entreprises, ainsi que le renforcement des dispositifs institutionnels leur permettant de déposer plainte et de bénéficier de soins appropriés dans les cas où elles subissent es violences.
Récit produit par l'ONU au Costa Rica. Écrit par Danilo Mora Díaz, Responsable de la communication à l'ONU au Costa Rica et Sandra Ramírez, Responsable de la communication à l'UNOPS au Costa Rica. Édité par Carolina Lorenzo, du Bureau de la coordination des activités de développement (BCAD). Traduit en français par le BCAD. Pour en savoir plus, consultez le site https://costarica.un.org/.