Les douze gardiens des océans: Protéger la biodiversité marine tout en luttant contre les espèces aquatiques envahissantes
En 2017, la navigation commerciale représentait 80 % du commerce international et quelque 93 000 navires sillonnant la planète en transportant - souvent sans le savoir - une cargaison dangereuse pour la santé des océans.
Le phénomène est connu sous le nom de biopollution (ou pollution marine) et se produit lorsque des microorganismes, des algues et des plantes se fixent aux coques des navires et qu’ils arrivent où ils ne sont pas censés se trouver, risquant dans ce cas de devenir des espèces aquatiques envahissantes.
La biopollution est l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur les environnements d’eau douce, côtiers et marins de la planète. Lorsque des espèces envahissantes pénètrent dans un nouvel environnement, elles peuvent infester les espèces indigènes, et avoir des conséquences néfastes pour la biodiversité et la santé des écosystèmes.
Ces véritables invasions peuvent avoir à leur tour ont des conséquences négatives sur la pêche, l’aquaculture et le tourisme.
Une invasion maritime
Dans le seul secteur de l’aquaculture, la compétition biologique et les dommages causés aux stocks et aux infrastructures coûteraient entre 1,5 et 3 milliards USD par an.
La biopollution réduit de manière sensible l’efficacité énergétique d’un navire, de 10 à 20%, et entraîne une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
S’attaquer aux espèces aquatiques envahissantes ne consiste pas seulement à assurer la santé et l’intégrité de la vie marine, mais aussi à préserver les écosystèmes qui assurent la subsistance des communautés côtières.
En raison de ses implications techniques, scientifiques, environnementales et économiques, la biopollution est l’une des menaces les plus complexes auxquelles nous sommes confrontés.
Le tout premier effort coordonné mondialement visant à remédier à ce problème a débuté en mars 2019. Il est financé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et soutenu par le PNUD, l’Organisation maritime internationale (OMI) – exécuté par les Partenariats GloFouling
Le projet mettra au point des campagnes de sensibilisation destinées à toutes les industries maritimes, y compris à la navigation de plaisance. Et grâce à la coopération prévue avec la « Global Industry Alliance » (GIA), il collaborera étroitement avec les industries du transport maritime et autres industries maritimes pour identifier et tester des solutions et des technologies de lutte contre la biopollution, catalysant ainsi la recherche et le développement.
Les douze pays qui pilotent les travaux du projet GloFouling sont des pays en développement et des petits États insulaires en développement : Brésil, Équateur, Fidji, Indonésie, Jordanie, Madagascar, Maurice, Mexique, Pérou, Philippines, Sri Lanka et Tonga. L’Australie, le Canada, l’Allemagne, la Nouvelle-Zélande et la Suède sont des partenaires stratégiques.
Le projet GloFouling prévoit plus de 400 projets, dont 12 publications techniques, six conférences mondiales, 60 ateliers et un pôle de connaissances mondial.
En 2012, les émissions de CO2 provenant des transports maritimes internationaux s’élevaient à environ 796 millions de tonnes, soit 2,2 % des émissions mondiales de CO2.
Pour réduire les émissions de CO2 des transports maritimes internationaux et accroître l’efficacité énergétique, il est important de réduire la rugosité de la coque associée à la biopollution. Cette rugosité qui renforce la résistance au frottement des navires augmente également la consommation de carburant et les émissions totales de gaz à effet de serre.
Les solutions préconisées par le projet GloFouling, telles que l’amélioration de l’entretien des coques et des hélices, peuvent diminuer la résistance à l’eau et la consommation d’énergie des navires, et du même coup réduire les émissions de 5 à 23 %.
Bien que les réductions ainsi obtenues soient relativement faibles, cela représentera néanmoins un avantage environnemental significatif qui jouera un rôle important dans la lutte contre le changement climatique.
Nous savons que la santé de nos océans dépend de nous tous et que nous dépendons tous de la santé de nos océans.
Le PNUD, le FEM, l’OMI, la COI-UNESCO (Commission océanographique intergouvernementale), le Conseil mondial des océans et de nombreux autres partenaires collaborent pour protéger la biodiversité et lutter contre le changement climatique en fournissant une assistance technique, des conseils en matière de politique et un appui à la gouvernance dans les pays en développement.
Le projet GloFouling visera à préserver et à utiliser de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable (ODD 14), ainsi qu’à prendre des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique (ODD 13).
Le projet GloFouling comprend des initiatives spécifiquement axées sur les femmes visant à réduire les disparités dans l’administration maritime, la communauté scientifique et le secteur privé (ODD 5) ; des mesures visant à encourager l’innovation et les avancées technologiques (ODD 9) ; et des opportunités spécifiques pour la coopération Sud-Sud, Nord-Sud et triangulaire, tant dans le secteur public que privé (ODD 17).