Des campagnes de financement participatif pour des villes intelligentes en Albanie
Commençons par rappeler quelques dates de l'histoire récente. Le développement de mécanismes de financement novateurs à l’ONU remonte à la Conférence internationale sur le financement du développement de 2002. L'espoir que l’on nourrissait alors était que la mise en place de mécanismes de financement novateurs contribuerait à combler le fossé entre les ressources qui étaient disponibles et celles qui étaient nécessaires pour la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) à l’horizon 2015.
Comme son nom l'indique, un financement novateur consiste à lever des fonds pour financer le développement en utilisant des mécanismes non conventionnels, comme par exemple les micro-prélèvements ou les partenariats public-privé qui, parmi d’autres, vont au-delà d’une contribution financière classique. Il peut également s'agir d'optimiser l'utilisation des sources de financement traditionnelles en transférant des actifs vers les programmes où ils font le plus défaut.
Vingt ans plus tard, en 2012, les Nations Unies, les institutions gouvernementales et les donateurs ont commencé à réfléchir au développement de moyens réalistes pour financer la réalisation des objectifs mondiaux à l’horizon 2030, en tenant compte de l’estimation des coûts totaux, qui varient entre 90.000 et 120.000 milliards de dollars et d'un déficit de financement annuel estimé à 2,5 milliards de dollars. Le concept des financements novateurs est revenu alors sur le devant de la scène.
#Crowdfunding4Children ("Financements participatifs en faveur de senfants")
En Albanie, nous avons décidé, à l’ONU, de tester des formes alternatives de financement et de les intégrer progressivement dans nos interventions. Depuis qu'Internet permet de recourir à des campagnes de financement participatif ("crowdfunding", en anglais) pour financer des projets, les particuliers et les entreprises du secteur privé ont utilisé ce nouvel outil à leur avantage. Alors, pourquoi n'en ferions pas de même ?
Nous avons commencé à exploiter le potentiel du financement participatif en considérant cet outil comme faisant partie intégrante de nos efforts pour la mise en œuvre du Programme 2030. La première campagne de financement participatif que nous avons réussie a été lancée en juillet 2016 et a permis de construire la première aire de jeux tous services compris en Albanie qui soit adaptée aux enfants ayant des besoins particuliers et des aptitudes diverses.
Ce travail s'est appuyé sur un précédent projet sur les données ouvertes que nous avons mis au point avec la municipalité de Tirana et qui consistait à fusionner des ensembles de données sur la sécurité de nos villes et à les rendre accessibles via le Portail de données ouvertes de Tirana Smart City (en français : "Ville intelligente de Tirana").
Sur les 22 aires de jeux actuellement gérées par la municipalité de Tirana, une seule est adaptée aux enfants qui ont des besoins particuliers. La construction de parcs plus appropriés aidera tous les enfants à interagir avec leurs camarades et à développer leur personnalité dans un environnement sûr et sain ; et notre projet s'est plutôt bien passé : en puisant dans les contributions d’un vaste réservoir de personnes, principalement via les réseaux sociaux et les plateformes de financement participatif et grâce à des initiatives de sensibilisation, nous avons atteint notre objectif de récolter 20.000 dollars pour la campagne #Crowdfunding4Children (en français : "Financement participatif en faveur des enfants").
Soutenir l'emploi des jeunes à travers le financement participatif en capital
Le PNUD, le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et ONU-Femmes testent eux aussi des moyens pour établir des passerelles financières entre des entreprises matures désireuses d'investir dans des start-ups prometteuses par le biais du financement participatif en capital.
L'objectif de cette approche est de mettre en place un mécanisme durable qui soutienne les entreprises émergentes. En partenariat avec la Chambre de commerce et d'industrie de Tirana, l’ONU en Albanie a réussi à faire participer 100 entreprises VIP dans une étude d'exploration visant à sonder leur participation potentielle à des programmes de financement participatif en capital.
L’autre volet de cette initiative conjointe porte sur l'évaluation d'un modèle de financement participatif avec contreparties dans les petites communes de Tirana. Cet outil permet aux individus de contribuer au financement d’un projet spécifique et de recevoir en contrepartie une récompense tangible - non financière - à une date ultérieure.
Nous nous appuyons sur ce modèle en mobilisant des prestataires de services privés. Nous offrons aux personnes, par exemple, la possibilité de contribuer au financement d’un projet social au moment où elles effectuent le paiement d’une facture d'électricité ou d’un service de télécommunications. Nous espérons que ces mécanismes alternatifs joueront un rôle important dans la transformation de Tirana en une ville intelligente.
Nous pensons que le mécanisme du financement participatif mérite d’être regardé de plus près par les acteurs du développement. Le financement participatif permet de mobiliser des ressources, de promouvoir des initiatives innovantes et d’encourager les citoyens à participer plus activement à des projets !